Le printemps
Avoir du mal à se décider
Se sentir congelé
Walt Disney
Après des mois en flanelle sur Netflix
À engouffrer des jujubes pis des chips
Poignées d’amour de février
Jeans serrés, ventre rentré, ballonné
Il neige sur nos têtes
Cuir chevelu en miettes
Selfies au teint verdâtre
Jambes drues
Des orteils aux phalanges
sec comme la paille
frette comme le cul d’une nonne
Pourtant, un désir enfoui de revivre
Accéder au Nirvana
Come as you are…
Qu’elle t’a dit pour t’inviter
Avoir du mal à se décider…
Sortir son courage, pogné kekpar entre ses pneus d’été pis Gaspé
Texter : OK
Plusse une main avec le pouce en l’air
Ça fait penser à une graine
J’ai pas fini ma phrase…
une graine qui pousse sous la slush sale
À gadoue, dou, doux
Elle semble vouloir germer
T’enfiles ta chemise aux imitations nappe de pique-nique
et bottes de St-Tite
Tu feel unique, excentrique,
démesurément Audace
Hiver…dans ta face
Arrive le lift
Gros Station wagon loadée de manteaux trop chauds
Ceux avec des cols de fourrure en vulves géantes
Une familiale de vulves semble vouloir germer
Ça sent le petit canard au fémur écrapou
Le retour des oies brunes
Ça jacasse et ça Jackass
Chansons québécoises
On vénère la Plume
On est ben ouverts à vos commentaires…
Arrivés au temple du diabète
Ça débarque en slidant
La bouette fouette les fesses
Le parking est bondé
Des groupes de fanfarons en ronds ronronnent
Des ronds de fumée volent au-dessus des clans,
Un plus gros, s’envole, au-dessus de l’évapora-chose
Pour revenir d’un hiver icitte
Il faut plus qu’une barre Mars
En caravane, allons à la cabane !
Étourdis par les murs en bois, le plancher en bois, les cuvettes en bois…
L’univers entier a l’air d’avoir été gossé
Ti boum, ti boum, ti boum !!!
C’est le dance music que DJ Marco a mis dans le tapis
Attablés comme des enfants à la cafétéria du Camp Boutte Entrain
cent amateurs de glucides portent aussi le carreau
Une nappe géante, courte pointe de désillusions
La médame à gauche sent beaucoup Neige de Lise Watier
Tu regrettes de pas avoir apporté une souffleuse
D’un côté, un macramé d’âmes pompettes joue avec le sel pis le poivre
De l’autre, des jambons qui ont du mal à ne pas zigner la table
Il y a le gars qui a jamais vu des cornichons dans le vinaigre de sa vie
pis qui finit le pot avant le « bon appétit ! »
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Feed-back dans le speaker de Marco
et on enchaine avec une samba !
Le ragoût de pattes arrive à pied
On arrête de respirer
On compte les boulettes
Faut partager
Les ti coins de nappes en plastic te colle sur le poil d’avant bras
Il y a des odeurs de gras, fumée, brûlé, moisi, sucré, et neige de Lise Watier
Le houblon coule à flots
Les beans sont sèches
Les oreilles de criss crient :
GRAS dur! Que tu es
Les plats dansent de mains en mains
Des étrangers se lient d’amitié en gossant sul porte-napkins
-Goûte ça !
-C’est bon en sirop!
Ça joue des tours
Ça tire la pipe
Ça étire la sauce
Pis ça déboutonne ses jeans
-Avez-vous vot ti coupon de tire ?
Il faut sor-tire !
Dehors une poffe de weed
Une pic de sceau
Pipi dans le bois
Des rires
le soleil nargue les cimes
La tire coule sur les mentons
Une chaleur douce réanimant les coeurs
Picossage de mottes sur neige
entre bâtons de popsicle attendris
Un enfant a redécoré son manteau
Un chien lèche tes bottes
Qu’il fait bon être au Québec
Pour les traditions
Pour aimer l’incompréhensible
et s’en réconforter
Nous y retournerons l’an prochain
Avec nos chemises assorties
Nos teints défraichis
Et nos amitiés tissées serrées
Et cet été, je ferai un jardin…
© 2017 Marie-Eve Larivière