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Pas assez belle

Miroir miroir, dis-moi qui est la plus belle ?

T’es cute, ça, c’est sur!

En fait, quand tu étais petite, t’étais même super cute !

Tes parents te le disaient aussi souvent que tu touches ton cell dans une journée.

La plus belle du monde ! Rien de moins.

Le mot BELLE, tu te le faisais garrocher à pleine gueule du matin au soir.

En te levant dans ton ti pyzama de flanallette rose, avec des manches en froufrous.

Avec ta moustache de verre de lait, pis tes petites dents écartées.

Avec ton haleine de ciboulette pis tes Kickers bruns.

Quand tu mettais ton poncho en laine pour attendre l’autobus les rubans au vent et le coeur léger. Sans que tu te doutes que la petite fille qui attendait de l’autre côté de la rue avait reçu le même discours avec le même poncho.

Les exclamations fusaient de toutes parts quand tu revenais les yeux brillants avec ta photo d’école.

Faux décor de feuilles d’automne, tenant artificiellement une pomme artificielle.

Pis à l’adolescence…TA-DAM (ténébreux et solennel) ils ne te l’ont plus dit.

Du tout.

Sur le coup, tu pensais que c’était parce qu’ils travaillaient trop, qu’il n’avaient plus le temps d’admirer leur merveille du monde. Finalement, ça faisait ‘’fucking’’ ton affaire parce que des parents qui te parlent à cet âge-là…c’est envahissant comme un suppositoire.

À un moment donné, ni les parents, ni les amies, ni les gars, ni les furets ne te le disaient.

Ça te ramasse un sourire de jeune fille acnéique en fleurs.

Au Cégep, là où on étudie à temps plein (la fête sous toutes ses facettes), tout le monde était sur l’extasy.

Donc tout le monde s’est mis à dire que tout le monde était beau.

Des fois tellement fort qui fallait mettre du Vicks pour panser les blessures.

Dans un instant de lucididididité, tu as trouvé ça louche et même un peu cuillère à soupe.

Si tout le monde est beau, moi que suis-je de plus?

Le dance floor s’est écroulé sous tes pieds.

Juste à côté de Félix qui vomissait du bleu.

À cette absence de réponse, et cet azur de doutes, tu as commencé à compenser.

À mettre du make up et à accorder trop de crédit à tes ch’veux et au poil.

Pourvu qu’ils soient de la bonne longueur, de la bonne couleur et au bon endroit.

L’achat de fringues et soigner ton apparence sont devenus une religion où les prières sont des incantations en forme de compliments.

Grâce à tes nombreuses heures à te renipper la face et le corps (gym, crème, régime, facial, chest, bras) t’as obtenu un certain résultat.

Toi seule connais tous les sacrifices que tu as faits pour en arriver jusque là.

Cache le naturel et il revient au galon.

Un seul petit relâchement de ta part et tout s’écroule.

Un château de cartes en papier de soie en pleine tornade d’année bissextile.

Parce que, t’as toute l’attitude pour être top modèle.

Tu souris avec les yeux.

T’aurais été tellement bonne, tellement internationale.

Mais de toute façon, oublie ça.

C’est Blanche-Neige.

Une anémique-anorexique de 6’2’’… qui est la plus belle.

Crédit: Le chat orange photo

© 2017 Marie-Eve Larivière

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