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Pas assez saoule


crédit: Le chat orange photo

T’es dans un line-up pour le très chic bar machin chose.

Cote du bar selon le très branché blog machin truc : 10/10

Longueur de la file d’attente : 25 à 45 minutes

Grosseur du portier: 285 livres

Envie : De passer devant tous ces machins chouettes.

On a beau être en mai, il y a une petite draft frette pas confortable.

Les épaules par en dedans, tu te frottes les cuisses ensemble.

On jurerait que t’as des parasites.

Tes cheveux au vent te collent dans le gloss.

Petites lignes rouges sur tes joues.

Le mascara veut te baver.

Tu tentes de tenir ta jupe pour pas faire d’heureux.

Tes mains sont pleines comme la lune.

Cell, cappuccino glacé et sac à main.

Strict nécessaire à la survie.

La musique t’acouphène déjà. Imagine en dedans.

Qui c’est que tu vois pas arriver avec ses amis ?

Chose. Lui là, qu’on voit dans la télé.

La vedette !

Dents blanches, gueule de tombeur, body-body avec le doorman.

Il se V.I.P ça dans la gueule de tout le monde, comme un Léonardo.

La vie est trop PINJUSTE.

Ti poussage dans le dos.

Une poufiasse pressée essaye de dépasser.

Le ton monte, ta jupe aussi.

Fuck ! Tes bobettes sont laides because menstru.

Après un beau vingt minutes de pousse-pousse, gèle, gèle: tu entres dans l’antre de l’entrée.

Il fait noir, chaud et humide.

T’entends pas la poule de luxe qui veut te faire payer 8$ de vestiaire inutile.

Go aux toilettes.

Boum, ti poum, ti boum, ti poum gémissent les haut-parleurs.

Petit coin atteint.

Une ondée de Barbies gloussent et titubent.

T’attaques ta face.

Tu te prends d’assaut.

Bien kèffé, bien reglossé.

Un duck face pour Instagram.

Un punch in dans Foursquare.

Un LOL à une photo de chat sur Facebook ;)

Un sarcasme Twitter.

Deux trois textos.

Pis, un ti pepi tant qu’à y être.

Et tu vas triompher vers le bar.

Les copines sont là.

Des minis verres en vitres servant à se souler vite sont alignés.

La couleur laissant présager un goût de menthe te donne la nausée.

Et hop ! Shooters !

Payés par le très humide et rougit : Nico.

V’la tu pas que tes amies sont déjà envahies de morons.

Les répliques sont anthologiques :

‘’Ton père travailles-tu dins jeans ? Parce que toi tu travailles din miens.’’

Renausée.

Shooters de Goldschlager! Que cri Nico.

‘’Thank’s el gros !’’ lui dit l’autre el gros.

Selfie d’el gros.

La soirée dégénère.

Ça se frotte.

Textos. Textos.

Ça frenche.

Ça sent pas frais.

Textos. Textos.

Shooters de roulettes russes.

Wo Nico !

Un tapon te touche les fesses.

Surement une maladresse.

Le tapon te retaponne.

C’est Nico.

Il frenchait ta chum vl’a cinq minutes.

Wo Nico !

‘’Je vous paye la traite, fais pas ta farouche.’’

Stop tes mains qui me donnent pas le bon mot de passe !

Dégage !!!

Il est complètement saoul.

Avec un ‘’a’’ complètement inutile.

Ça tourne.

Tu te sens seule.

Pis tout à coup, la piste de danse s’éveille, fois mille.

T’es sauvée ?

Qui l’eut cru ?

Une toune de Michael Jackson.

Le dance floor t’enivre.

T’oublies les Nico de ce monde.

Pis tu rêves…

Qu’il est peut-être là à te regarder.

CELUI que tu laisserais danser.

Très près de toi.

Sauf que là…

Il y a Steve qui est all in sur ton cas.

Des fois, vaut mieux rester à la maison.

Faque

Hashtag Just beat it !

© 2017 Marie-Eve Larivière

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